Joël Peter Witkin.
Depuis la rentrée, j'ai côtoyé des jeunes "hommes" constamment en rute, qui passent leur temps à emmerder des jeunes filles tout seins devant, tout cul derrière et qui hurlent aigû tout le long de leurs palpitantes journées, où résident deux points essentiels : les garçons et les garçons. Ca glousse, ça se dandine, il faut croire que la route est en zigzag. Les messieurs, eux, sont moins compliqués : ils tappent Bidule-Chouette parcequ'elle est vachement bien roulée et collent violemment contre un mur la copine de Bidule-Chouette parceque, elle aussi, elle a les nichons qui se remuent dans son décolleté. Et tout ça, ça me rend d'humeur gore donc je me replonge dans les photos de Joël Peter Witkin et ça fait du bien.
C'est qui, lui ? J'allais y venir...
Joël Peter Witkin, ou le sombre poète de la photographie, a poussé ses premiers cris à Brooklyn, un 13 Septembre 1939. C'est six ans plus tard que la mort se présente à lui, révélant d'obscures moeurs au fond de son être. Il assiste à un tragique carambolage et, alors qu'il croyait naïvement qu'un ballon roulait vers lui, il découvrit, à ses pieds le visage d'une fillette. C'est ainsi qu'il connut son premier amour, qui engendra un amour paradoxal pour la vie.
Plus tard, il témoignera que lorsqu'il tient un appareil photo entre ses mains, il a l'impression curieuse d'avoir la tête tranchée de la petite fille entre ses paumes.
Il fut inspiré par Weegee (ou Arthur Fellig), un célèbre photographe de crimes urbains, qu'il découvrit grâce à son père en feuilletant avec lui des magasines d'actualité. Witkin considère notament Goya et Bosh comme des héros qui se seraient transcendés lors de la création de leurs oeuvres.
Éternellement passionné par le morbide, Joël Peter Witkin ne se laissa pas étouffer par le climat strict de sa famille ou de l'école. Il eut son premier modèle à seize ans : un rabbin certainement illuminé qui jurait avoir vu Dieu.
Après le lycée, il travailla dans une pléthore de domaines impliquant la mort et ses alentours. Il fut d'ailleurs embauché comme reporter des accidents militaires, pour son plus grand plaisir.
Il lança souvent des annonces pour recruter des modèles, exigeant des personnes ayant des déformations, des lésions sur le visage, étant nains ou géants, vivant comme des esclaves ou des fétichistes, etc. Je vous offre l'extrait d'une petite annonce publiée sur heresie.com : "Cherche têtes d’épingles, nains, géants, ailés, mains ou pieds changés,
quelqu’un né sans bras, pieds, yeux, seins, organes génitaux, oreilles,
nez, lèvres, hermaphrodites et teratoïds (vivant ou mort), quelqu’un
portant les stigmates du Christ, des femmes dont les visages sont couverts de cheveux ou de grandes
lésions de peau, désirant poser dans des robes du soir, des personnes
qui vivent comme des personnages de bandes dessinées, des corsets, des
fétichistes et des esclaves, et pour finir quelqu’un qui revendique
être Dieu".
Reconnu comme un véritable artiste malgré les réactions choquées de la plupart de ceux qui ont découvert ses oeuvres, on enseigne ses méthodes dans la plupart des écoles de photographie : il avait pour habitude de gratter ses négatifs avec des rasoirs, de les imprimer sur des papiers tissus, de les recouvrir d'épices et de thé et de les traiter de bien d'autres façons encore...